Le DAF : véritable copilote stratégique et opérationnel pour les dirigeants de start-up
Le DAF : véritable copilote stratégique et opérationnel pour les dirigeants de start-up

Le DAF : véritable copilote stratégique et opérationnel pour les dirigeants de start-up

28 avril 2025

En septembre 2023, Quest for health a lancé le Club DAF, un espace dédié aux directeurs administratifs et financiers évoluant dans le secteur de l’innovation technologique en santé. L’objectif ? Favoriser les échanges entre pairs et le partage de bonnes pratiques sur des sujets clés comme la finance, la fiscalité ou encore les ressources humaines. Aujourd’hui, une douzaine de membres se réunissent chaque mois sur le campus Nextmed et échangent en continu via un canal Discord dédié.

Au cœur de cette dynamique, Carole Lascombes, Controller au sein de la société Sartorius, et Thierry Mignot, DAF en temps partagé auprès des sociétés Spartha Medical, Keymaging, BrightSens Diagnostics, Urania TX, Unpointneuf et Superbranche. Ils animent ce Club et partagent dans cet article leurs missions auprès des dirigeants, ainsi que leurs conseils pour structurer et professionnaliser la fonction finance dès le démarrage d’un projet entrepreneurial.

Dans le parcours de croissance d’une start-up, la gestion financière constitue un enjeu stratégique. Dans les premières phases, les fondateurs-dirigeants concentrent souvent leurs efforts sur le développement et la validation de leur technologie, reléguant parfois au second plan la structuration financière. Pourtant, une organisation financière solide dès l’origine est un facteur déterminant de réussite.

L’expert-comptable intervient généralement sur la comptabilité courante (tenue des comptes annuels) et s’assure du respect des obligations fiscales et sociales. S’il peut jouer un rôle de conseil, sa mission ne couvre pas le pilotage global de la croissance financière d’une start-up. C’est à ce niveau qu’intervient le Directeur Administratif et Financier (DAF), également désigné comme RAF ou CFO.

Le DAF apporte une vision stratégique et opérationnelle de la finance. Son rôle est d’anticiper les besoins, d’optimiser la gestion des ressources et d’accompagner les dirigeants dans leurs décisions, notamment pour préparer et sécuriser une levée de fonds.

Pourquoi structurer la fonction finance de son entreprise dès les premières étapes ?

Dès la création, la fonction finance doit être perçue comme un levier de développement et non comme une contrainte administrative. C’est particulièrement vrai pour les start-up santé, dont les enjeux spécifiques (cycles de développement longs, modèles économiques particuliers, besoins de financement importants et récurrents, immobilisation de la production) rendent cette structuration essentielle.

Une fonction finance organisée permet de :
Assurer une visibilité financière claire : mise en place d’un suivi rigoureux des dépenses, notamment en R&D, et une planification budgétaire anticipée.
Sécuriser l’accès aux financements non-dilutifs : obtenir des aides comme le CIR (Crédit Impôt Recherche) et d’autres soutiens à l’innovation (ex. Région Grand Est, Bpifrance, Europe) nécessite une gestion financière, une articulation précise des différents programmes et une maîtrise de l’environnement réglementaire pour présenter des rapports optimaux et éviter les blocages avec les financeurs.
Préparer les futures levées de fonds : les investisseurs attendent des comptes précis, une organisation financière structurée capable de produire des indicateurs clairs avant d’engager des financements.

De manière générale, une fonction finance structurée renforcera la crédibilité de la start-up et établira un climat de confiance avec ses partenaires et investisseurs, essentiel pour maintenir des relations solides avec les parties prenantes et sécuriser les financements futurs.

Le rôle clé du DAF : bien plus qu’un gestionnaire financier

Le rôle du DAF dépasse la simple gestion comptable.
En tant que garant d’une stratégie financière solide, il intervient dans plusieurs domaines :
L’élaboration du premier budget : un exercice collaboratif entre les différentes fonctions de l’entreprise, permettant d’aligner les équipes sur la stratégie de la start-up et d’assurer un suivi efficace. La présence d’un expert facilite cette démarche en favorisant la coopération et l’implication des équipes.
La structuration de la gestion financière : mise en place de processus de suivi de trésorerie, de reporting et anticipation des besoins de financement.
L’optimisation de la relation avec l’expert-comptable : fluidification des échanges pour une meilleure construction de l’information financière.
L’anticipation et la sécurisation de la trésorerie : prévention des tensions de trésorerie pouvant compromettre le développement de l’entreprise.
L’accompagnement du dirigeant dans la prise de décision : grâce à des indicateurs financiers pertinents, le DAF aide à piloter la stratégie.

La comptabilité analytique : un levier de transparence et d’adhésion

Au-delà de ses compétences financières, le DAF joue un rôle central dans la communication et la compréhension du modèle économique. Il est, en quelque sorte, le « traducteur » de la performance de l’entreprise. La comptabilité analytique qu’il met en place devient un levier stratégique pour l’adhésion, tant en interne qu’en externe.

Grâce à des outils de reporting détaillés et à une présentation simplifiée des données financières, le DAF permet une compréhension claire du suivi des dépenses sur les projets de R&D, indispensables pour les états récapitulatifs des dépenses demandés par les financeurs non dilutifs.
Cette gestion permet également d’analyser la rentabilité, les coûts et les marges une fois le projet valorisé. Ces informations sont utiles non seulement pour la direction, mais aussi pour les équipes internes, qui peuvent mieux comprendre la performance de l’entreprise et s’aligner sur les objectifs. De plus, cette approche est cruciale pour communiquer efficacement avec les investisseurs et partenaires externes, renforçant ainsi leur confiance dans le projet.
Il est essentiel, par exemple, de pouvoir communiquer sur le « cash burn » des prochaines années, le plan de recrutement et les marges futures potentielles, même en phase de développement.

En plus de la gestion (et de la communication) financière, le DAF joue un rôle clé dans les aspects administratifs et RH : gestion des contrats, suivi des obligations sociales, structuration des processus internes et mise en place de systèmes d’information RH pour le suivi des temps de travail sur les projets. Il contribue ainsi à établir une organisation solide et conforme à la vision du porteur de projet, essentielle à la croissance de la start-up.

Préparer et réussir sa levée de fonds avec un DAF

Une levée de fonds ne se résume pas à convaincre des investisseurs : c’est aussi une étape qui nécessite rigueur financière et anticipation. Le DAF joue un rôle clé tout au long du processus.

En amont de la levée
● Construire un business plan solide et des projections financières crédibles : lors de la préparation du business plan, il est essentiel de présenter des projections financières réalistes et bien fondées.
Un point clé à retenir : le business plan que vous soumettez la première fois dès le démarrage de la start-up servira souvent de base pour les futures discussions, notamment si vous devez recontacter les investisseurs ou les organismes de financement l’année suivante. Il est donc préférable d’opter pour des prévisions réalistes, même si elles sont moins séduisantes, plutôt que de trop embellir les chiffres avec des projections irréalistes. En effet, des prévisions ‘exagérées’ risquent de miner la confiance des investisseurs et des organismes à long terme, et vous pourriez perdre leur soutien lors des prochaines levées de fonds. Cela fait aussi parti du travail du DAF d’assurer la cohérence de votre « communication » financière. Préparer la due diligence : garantir que toutes les données financières soient précises, fiables et bien documentées (via la data room).
● Anticiper les attentes des investisseurs en termes de reporting et d’indicateurs financiers

Post-levée
● Gérer efficacement la trésorerie et optimiser l’utilisation des fonds levés.
● Structurer le suivi financier et mettre en place des outils de pilotage (tableaux de bord, prévisionnels de trésorerie…).
● Mettre en place un reporting régulier pour assurer un suivi clair auprès des investisseurs.

Un DAF est un véritable gage de crédibilité pour une start-up en phase de levée de fonds : il rassure les investisseurs sur la solidité du projet et la maîtrise des éléments financiers. Post-levée, il devient, aux côtés du CEO, le garant d’un pilotage efficace et d’un reporting transparent, indispensables pour instaurer une relation de confiance avec les investisseurs.

Intégrer un DAF : quand et comment ?

La priorité du dirigeant au démarrage de son entreprise est de se concentrer sur la vision stratégique, le produit, le marché et la gestion des équipes. Le DAF permet au dirigeant de se focaliser sur les aspects « business » en déléguant la gestion financière, voire RH et comptable, à un expert. Cela libère du temps et de l’énergie pour se concentrer sur la croissance, l’innovation et le management, essentiels pour une start-up en développement.

L’intégration d’un DAF doit se faire au bon moment et sous un format adapté aux besoins et ressources de la société. Dès que la gestion financière devient trop complexe ou chronophage, ou que l’on envisage d’intégrer de nouveaux investisseurs institutionnels, il devient essentiel de faire appel à un expert pour professionnaliser le pilotage financier.
Déterminer le bon moment : un DAF devient indispensable dès que la gestion financière dépasse les compétences du dirigeant et que les enjeux de levée de fonds se précisent.
Choisir le bon format : un DAF externalisé ou à temps partagé peut être une première étape agile, permettant une intégration progressive avant une probable internalisation à temps plein.
Compétences spécifiques : le DAF doit maîtriser les enjeux des jeunes entreprises (outils non-dilutifs, déclarations CIR, solutions de préfinancement, levée de fonds) et du secteur d’activité (ex. medtech/biotech, cycles de développement produit, modèles économiques spécifiques, réglementation).
Avoir un DAF, c’est bénéficier d’un appui précieux pour maintenir la crédibilité de l’entreprise, même lors des périodes difficiles.

L’intégration d’un DAF, même externalisé, peut structurer le développement d’une start-up et faire évoluer durablement son organisation financière. Voici deux illustrations concrètes de start-up qui sont (ou ont été) incubées chez Quest for health et qui ont fait appel à un DAF :

Fizimed, start-up medtech, lancée en 2017
Fizimed a fait appel à un DAF pour structurer ses finances dès le début. Sollicité avant même la création juridique de l’entreprise, le DAF a apporté un premier regard critique sur le business plan, puis a progressivement structuré et professionnalisé la gestion financière assurée initialement par l’un des cofondateurs. À mesure que l’entreprise se développait, notamment avec l’entrée en phase de commercialisation, la fonction financière a évolué vers des missions plus orientées contrôle de gestion et pilotage analytique. Grâce à une gestion rigoureuse et à des outils adaptés, Fizimed a pu concentrer ses efforts sur son cœur de métier, sa stratégie de marché et son développement, tout en assurant une trajectoire financière maîtrisée vers la rentabilité.

Superbranche, start-up biotech, lancée en 2019
Dès 2020, Superbranche a fait appel à un DAF externalisé pour sécuriser les aspects fiscaux liés à l’innovation et professionnaliser les processus de révision des comptes avec le cabinet comptable. Cette collaboration a été renforcée à l’occasion de la préparation d’une levée de fonds, destinée à financer à la fois un projet de R&D et un projet d’industrialisation. Le DAF externalisé a géré les ressources humaines, soutenant la Direction et apportant des conseils spécialisés sur des sujets RH pointus. Ces actions ont favorisé la cohésion de l’équipe et renforcé la direction opérationnelle en libérant du temps pour la préparation de la levée de fonds. En sensibilisant l’équipe au rôle du DAF comme partenaire interne, la transition vers un poste de DAF internalisé après la levée s’est faite de manière fluide et naturelle, consolidant ainsi l’organisation de l’entreprise.

Ce qu’il faut retenir

La montée en puissance de la fonction finance dans une jeune entreprise est un véritable levier de développement. L’intégration rapide, même partielle, d’un DAF qui structure la gestion administrative, financière et RH, permet à la start-up de gagner en crédibilité, en sérénité et en efficacité, tout en permettant au dirigeant de se concentrer sur le projet. Plus le DAF intervient tôt dans l’entreprise, mieux il pourra préparer et gérer les dossiers de financement, un atout clé pour sécuriser la croissance, réussir les levées de fonds et permettre aux dirigeants de se concentrer pleinement sur le développement de leurs innovations.

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